Comment gagner sa vie tout en défendant ses valeurs ? Alors que de plus en plus de salariés aspirent à trouver plus qu’un moyen de subsistance dans leur travail, l'économie sociale et solidaire (ESS) se développe. Ce secteur, composé d'associations, de mutuelles, de coopératives et de fondations, repose sur des principes qui ne sont traditionnellement pas ceux d’une entreprise classique. Lucrativité limitée, gestion démocratique et participative, utilité social : tels sont les spécificités des entreprises de ce secteur mal connu.
"On a l'habitude de penser l'économie sociale et solidaire au travers de l'aide aux personnes âgées, en situation de handicap, aux personnes en difficulté. Mais c'est un secteur très multiple, de la très grande entreprise aux associations de terrain en passant par les coopératives" déclarait Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, le mois dernier lors d’une rencontres avec des associations nordistes.
En effet, alors qu'il emploie près de 10 % des salariés aujourd'hui en France, il est toujours méconnu du grand public principalement à cause de l'absence de règles communes pour évaluer l'impact social des entités de l'ESS, selon les participants de la Conférence « Evaluer son impact social : comment répondre à ce nouveau défi ? » organisée par KPMG au début du mois d’octobre.
Pour remédier à ce défaut de notoriété, 1 500 manifestations sont également prévues dans toute la France au cours du mois de novembre (programme sur www.lemois-ess.org).
Pour Gérard Andreck, président du Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l'économie sociale, l’enjeu est de taille. « Dans les dix prochaines années, 27 % des actifs de l'ESS vont partir en retraite. Ce qui signifie que près de 600 000 postes seront à pourvoir » explique t’il.
A cela, s’ajoute les prévisions de croissance du secteur, qui n'a cessé de gagner du terrain ces dernières années. « Le nombre d'entreprises de l'ESS a augmenté de 5 % entre 2000 et 2006 et s'élève désormais à 215 000 », souligne Gérard Andreck. Chaque année, près d'un emploi sur 5 est créé par une entreprise de l'ESS.
Le gouvernement promet d’être actif sur le sujet. En effet, une loi d'économie sociale et solidaire, inspirée par le rapport du député du Nord Francis Vercamer sur le sujet, devrait être discutée en 2012 afin de donner enfin un cadre législatif à l'ESS pour la soutenir par le biais de politiques publiques créatrices d'activités et d'emplois.