À l’occasion de la neuvième table ronde sur l’huile de palme durable, le cabinet d’audit Vigeo a remis un rapport montrant qu’acheter de l’huile de palme certifiée durable va dans l’intérêt des entreprises.
Avec 48 millions de tonnes produites en 2010, l’huile de palme est l’huile végétale la plus consommée du monde. Elle est plébiscitée par les producteurs car le palmier à huile offre de meilleurs rendements que n’importe quelle autre plante produisant de l’huile comestible.
Alors, sans le savoir, la moitie des produits alimentaires transformés que vous consommez contiennent de l’huile de palme. Il faut dire qu’elle est toujours mentionnée dans la liste des ingrédients sous le nom vague d’ « huile végétale ». Dans une moindre mesure, elle est également utilisée dans l’industrie cosmétique et comme agro-carburant.
Le marché de l’huile de palme, très important et en pleine croissance, est confronté à de nombreuses dérives sociales et environnementales. Voilà pourquoi à l’issue de la neuvième table ronde sur l’huile de palme durable, Vigeo, cabinet d’audit mesurant la qualité de la responsabilité sociale des entreprises, a publié un rapport sur le sujet.
L’agrandissement continuel de la surface d’exploitation des palmiers à huile entraîne la destruction des forêts tropicales et des tourbières pour faire place aux palmeraies. Les conséquences sont terribles pour l’environnement, notamment en Indonésie et Malaisie, les deux pays concentrant 85% de la production mondiale : augmentation sensible des émissions de CO2, menaces pour la biodiversité (la survie des orangs-outans est en jeu par exemple).
Les répercussions néfastes sont aussi sociales, avec des conditions de travail précaires et la destruction de communautés rurales à cause de l’exploitation intensive des terres.
Le rapport de Vigeo montre que privilégier l’exploitation durable de l’huile de palme, en plus de bénéficier à l’environnement local, va également dans l’intérêt des grandes entreprises de l’agro-alimentaire. Selon Vigeo, produire ou acheter une huile durable minimise les conséquences commerciales néfaste liées à une réputation entachée, voir les risques de poursuites judiciaires.
Il faut dire que des organisations influentes, comme Greenpeace, s’attaquent aux entreprises qui achètent de l’huile de palme sans se soucier de la durabilité. WWF publie une carte à points pour noter les entreprises consommatrices d’huile de palme. Les appréciations négatives de ces organisations peuvent avoir des répercussions non négligeables sur les marchés.
Vigeo rappelle également que le rendement des palmeraies est quatre à cinq fois meilleur sur des terrains exploités selon des critères durables. Au lieu de vouloir s’étendre coûte que coûte, via la déforestation intensive, les exploitants de palmerais auraient donc plutôt intérêt à revoir leurs méthodes de culture.
Malgré tout, la production d’huile de palme certifiée 100% durable est encore très minoritaire, 400.000 tonnes d’huiles en 2010 pour une production totale de 48 millions de tonnes. Mais de nombreuses grandes marques européennes semblent avoir compris l’intérêt d’acheter durable. Unilever, Danone, Nestlé ou encore Premier Foods se sont engagées à acheter uniquement de l’huile de palme certifiée durable d’ici 2015.